Édito #4
« Le cinéma ne doit pas être simplement des images imprimées sur la pellicule. Il doit être ce à quoi ces images font référence : la mémoire, les expériences vécues, les rêves, le royaume invisible des mythes et des esprits qui planent au-delà des images et entre elles »
Teshome H. Gabriel, in catalogue Cinéma du reel -1996.
Si Cinéma du réel est le lieu où confronter les regards dans leur diversité, c’est aussi un moment pour prendre du recul, creuser sous les œuvres, développer des hypothèses. Le festival terminé, nous nous proposons à travers les Cahiers du réel de poursuivre ce qui s’apparente finalement à un travail d’exploration tout à la fois des films, du cinéma et de la programmation.
Deux textes reviennent en particulier sur la programmation Afrique Documentaire, panorama du documentaire africain contemporain, conçu pour rendre compte, comme l’appelait de ses vœux en 1996 Samba Felix N’Diaye, de l’arrivée d’une nouvelle génération de cinéastes en Afrique, libre et sans complexe, avide de filmer son présent sur l’ensemble du continent. Cette programmation exploratoire tentait de croiser les regards et de comprendre comment les films se font aux quatre coins de ce continent. Et prenait pourtant aussi le temps de regarder en arrière, du côté des années 70 notamment. Nous avons demandé à Raquel Schefer de faire le récit de son cheminement de films en films, tandis que le cinéaste burkinabé Parfait Kaboré témoigne de sa découverte du film de Jean-Marie Teno Afrique je te plumerai, tourné au Cameroun en 1992.
Plusieurs films programmés cette année, tant dans le cadre de Front(s) populaire(s) que de la compétition, rendaient compte d’engagements politiques concrets dans un ici et maintenant et une appropriation des lieux par les citoyens. Raphaël Nieuwjaer revient sur ce que le cinéma révèle de la politique à partir de ces lieux, tout autant espace de lutte, que lieu de l’affirmation de soi.
Autre prolongation d’un travail de recherche que la retranscription de la discussion autour du montage du film de Laure Portier, Soy libre, discussion entre la cinéaste et son monteur, qui tente de mettre en mots une étape de création essentielle de cinéma.