The Roller, the Life, the Fight
Hazem arrive en Belgique après un douloureux voyage depuis Gaza. Elettra arrive à Bruxelles pour y étudier le cinéma documentaire. Leurs premiers instants ensemble déclenchent le désir de se connaître et la caméra devient l’outil pour s’écouter. Exils et migration intérieure permettent de se rejoindre là où les regards sont plus doux et justes.
Comme tout individu observé de près, Hazem ne cadre pas avec le stéréotype dans lequel on pourrait vouloir l’enfermer – des âmes bien intentionnées réduisent parfois les exilés à la seule dimension de victime. Lorsque Elettra entreprend de le filmer, il se méfie, et c’est finalement dans un trajet réciproque de l’un vers l’autre que The Roller, the Life, the Fight se construit. En se faisant coréalisateur, Hazem s’extrait du statut d’objet d’observation, de haine ou de compassion pour rappeler que lui aussi nous regarde. Ne jamais se contenter de survivre : c’est ce qu’il semble prôner en se rêvant patineur, et en pointant les violences des administrations européennes. Le film embrasse l’écart entre deux parcours de vie incomparables – Hazem grandit à Gaza et traversa la Méditerranée clandestinement, Elettra se rendit en Israël dans le cadre d’un échange universitaire, sans réaliser immédiatement la violence que contenait sa liberté de voyager. D’un côté comme de l’autre, l’amour s’épanouit sous condition de déplacement permanent, de remise en question. Placée au cœur de la relation comme du récit, la différence devient une ressource. Rien ici ne pourra rester en place : adieu perfection, amour sans nuages et images d’Épinal ! Chaque plan se présente comme un fragment, une trace partielle et située d’une réalité mouvante, qui accueille l’absence et l’abstraction. Le film s’inscrit dans le mouvement de la vie, reflète ses impasses et ses rebonds. Lorsque sur l’île grecque où il fut si mal accueilli, la violence se reproduit, Hazem fabrique une canne à pêche et se projette sur une autre île.
Olivia Cooper-Hadjian
Lire l’entretien avec Elettra Bisogno et Hazem Alqaddi
Née en Italie en 1993, Elettra Bisogno a grandi dans différentes villes européennes. Après avoir suivi un cursus de graphisme en Italie où elle se spécialise en imprimerie expérimentale, elle arrive à Bruxelles et se dirige instinctivement vers l’image en mouvement. Elle puise son inspiration et se forme en observant et écoutant le monde, dans sa beauté et son injustice. Diplômée en 2021 de la Kask School of Arts (BE) en section cinéma, elle émerge en tant que documentariste avec deux courts-métrages : Ultima Cassa (2018) et Old Child (2020).
Hazem Alqaddi (1998) est palestinien, il a étudié à l’école Unrwa de Rafah et est arrivé en Belgique en 2018, aspirant à une nouvelle vie en dehors d’une Palestine assiégée. À Gaza et jusqu’à aujourd’hui, il est un passionné de rollers, de fabrication de cerfs-volants, de cuisine et de narration. Animé par le désir de se connecter avec les gens, il découvre le cinéma en 2019 en tournant Old Child (2020) et depuis il filme avec engagement pour exprimer ce qu’il a sur le cœur.
Tândor Productions / Gsara
CBA - Centre de l'Audiovisuel à Bruxelles
Elettra Bisogno, Hazem Alqaddi
Elettra Bisogno, Hazem Alqaddi, Loïc Villot
Geoffroy Cernaix, Elettra Bisogno, Hazem Alqaddi
CBA - Centre de l'Audiovisuel à Bruxelles - promo@cbadoc.be