The Garden Cadences
Jone est sur le point de prendre un nouveau départ. Mais auparavant, il lui faut clore un chapitre. Jone fait partie des Mollies, le collectif queer-féministe qui a vécu pendant une décennie dans un parking de caravanes à côté d’Ostkreuz, à Berlin. Le film retrace leur dernier été avant leur expulsion.
Le lieu dépeint ici par Dane Komljen (Afterwater, Cinéma du réel 2022) n’existe plus. Une communauté queer, les Mollies, résidait dans ce jardin aménagé dans une friche industrielle du quartier d’Ostkreuz à Berlin avant d’en être expulsée pour laisser place à la construction d’un aquarium ultramoderne dont l’objectif serait « de mettre en valeur la beauté des écosystèmes marins et d’encourager une compréhension de leur vulnérabilité, des profondeurs à la surface éclairée par le soleil. » Si la gentrification n’est que tangentiellement le sujet de The Garden Cadences, où l’avenir de ce terrain ne se devine que par la présence à l’horizon de grues menaçantes, le film présente cependant lui aussi un écosystème ; c’est à une vulnérabilité qu’il donne refuge ; un lent échange entre les profondeurs et la surface qui s’y opère. Komljen a partagé l’intimité de leurs sommeils, de leurs lectures, de leurs réunions, de leurs toilettes ; s’écartant des fêtes pour accorder notre regard au temps de la paresse et des limaces, ou observer la floraison du jardin au printemps. Les caresses sur la peau se mêlent à l’effleurement des plantes. Certains opèrent une transition de genre, d’autres constatent la fin d’un cycle dans leur vie et veulent aller de l’avant. Car ce lieu n’est pas seulement physique, il s’ouvre sur d’autres jardins, sur d’autres états, sur d’autres relations passées. « Quelque chose était là ; maintenant c’est parti ; ce n’est plus là ; ça a été ».
Antoine Thirion
Lire l’entretien avec Dane Kolmjen
Né en 1986 à Banja Luka, en République fédérale de Yougoslavie, Dane Komljen a étudié le cinéma et l’art. Il a réalisé deux longs métrages, All the Cities of the North et Afterwater (Cinéma du réel 2022), ainsi que de nombreux courts métrages. Il travaille et vit à Berlin.