Enthousiasme (La Symphonie du Donbass)

Un appel est lancé pour pallier une pénurie de charbon, et accomplir les objectifs du plan quinquennal en URSS. Sur un fond de musique de marche militaire et de sons industriels, les mineurs du Donbass se mettent massivement au travail.

Séance en collaboration avec le service cinéma expérimental du Musée national d’art moderne, présentée par Philippe-Alain Michaud, conservateur et chef du service.

Premier film sonore de Dziga Vertov, Enthousiasme est aussi l’un des premiers films sonores soviétiques, réalisé en prise de son synchrone. Il s’inscrit dans le projet politique du premier plan quinquennal et cherche à exalter l’effort collectif des travailleurs du bassin du Donbass, notamment dans les mines de charbon, la sidérurgie et l’agriculture céréalière. Vertov y expérimente une variété de procédés sur le son avec l’inventivité et le goût de l’expérimentation qui caractérise son œuvre visuelle depuis Kino-Glaz. Il coupe le son de sa source et le monte en boucle ou le passe à l’envers ; il décale temporellement les combinaisons images/sons ou encore utilise la technique du cut-up, passant brutalement d’un type de son à un autre sans que cela coïncide avec un point de montage image. Vertov apparaît ainsi comme un précurseur de la musique concrète dont le mouvement sera fondé par Pierre Schaeffer en 1945. Montré une première fois en 1930 puis remonté sur ordre de la censure, il sortit, brièvement, en 1931, mais fut très mal accueilli en URSS. En revanche il fut plébiscité dans le cercle d’artistes de gauche à l’étranger, au cours d’une longue tournée de Vertov hors de l’URSS.