Selegna Sol
Après plusieurs années d’absence, Gibran revient à Los Angeles, avec pour objectif d’acquérir un terrain à Tecate, son village natal au Mexique. C’est alors qu’il organise les conditions pratiques de son départ qu’il redécouvre les liens émotionnels et historiques qui le lient aux États-Unis.
Paradoxe ou évidence, Gibran veut quitter Los Angeles alors qu’il devient officiellement citoyen américain. Partir, finalement, d’un pays qui veut enfin de vous. C’est ce qui le préoccupe ainsi que ses amis, originaires du Mexique, ils vivent là. Dans cette ville immense, la cinéaste semble avoir réalisé un focus serré sur eux. Film proche donc, mais multifaces, fragmentaire, comme autant de récits que la ville a de dimensions, elle a d’ailleurs plusieurs noms : Selegna Sol est celui que Gibran et ses compagnons utilisent. Un nom pour une ville à l’envers, des choix à rebours pour un film éclaté, où chaque bribe est une nouvelle direction possible. Chronique au cœur d’une communauté, sans réel point de départ ni réel point d’arrivée, quelque chose démarre au milieu du reste. Ici les chemins sont fantasmés : si on suit les lignes d’une main, à la fin elles se terminent en branches, l’avenir est ouvert, large, incertain. Il faut le resserrer, trouver sa voie, dompter la solitude qui naît de la multitude. Image feutrée, rythme lancinant, le film trouve une pulsation à contretemps du mythe américain, un cinéma local. La cinéaste, comme ses protagonistes, regarde et s’éprend de l’Amérique : longs travellings sur les routes ou depuis les grands buildings. Travellings à l’américaine sur les pavillons de banlieue, comme une carte postale retournée. Un discours de naturalisation patriote et mécanique qui invite à choisir l’Amérique, celle qui vous choisit après sélection, résonne sur les pavillons. Choisir l’Amérique que Gibran veut quitter. Le fera-t-il ? Peu importe. Selegna Sol ressemble à un teen movie renversé à la gravité délicate, fait de rêves prémonitoires et d’attachements contradictoires. Comment partir d’un endroit qui vous tient, peut être autant que vous y tenez ?
Clémence Arrivé Guezengar
Anouk Moyaux
Anouk Moyaux est une cinéaste et artiste visuelle qui vit et travaille à Marseille, France. Dans son travail, elle s’intéresse particulièrement aux systèmes de croyance de la culture occidentale et s’interroge sur leur pouvoir d’influence sur nos décisions, nos comportements et nos projections de vie. Elle explore ces thèmes en naviguant entre différents registres narratifs et formels, allant du documentaire à la fiction, via une pratique expérimentale de l’image. Son travail a été exposé au Kunstverein Freiburg et au Crac Alsace. Depuis 2020, elle fait partie de l’Argent, un laboratoire d’artistes dédié au cinéma photochimique. C’est dans ce contexte qu’elle a développé une passion pour le support 16 mm, qu’elle relie à l’essence magique du cinéma.
5A7 Films, Mujö, Préludes
Manifest
Anouk Moyaux
Victor Donati
Alix Tulipe
Gibran Jimenez Delgado
Anouck Moyaux / anouk.moyaux@yahoo.fr, Mujö / prod@mujo.fr