Centenaire Yannick Bellon
Présenté par Audrey Birrien, cheffe de projet INA et Eric Le Roy, légataire de Yannick Bellon
Afrique, Amériques, Europe, découvrez trois documentaires de Yannick Bellon réalisés au tournant des années 1960-1970. Au-delà de la découverte de lieux et de cultures différents, la cinéaste aura toujours su placer l’humain au centre de son propos.
Anatomie de Los Angeles est un portrait critique et poétique d’une ville tentaculaire et superficielle où l’automobile est reine et où les minorités se côtoient sans se connaître.
Une ville de la mer ou comment survivre à Venise part à la rencontre des habitants comme des politiques et des institutions de la Cité des Doges, pour rendre compte des dangers écologiques et économiques qui menacent la ville de destruction.
Avec Brésiliens d’Afrique et Africains du Brésil, c’est un voyage sous forme de triptyque qui nous plonge dans la religion des Africains du Brésil au travers d’une quête des origines, à la découverte de l’histoire familiale de ces descendants d’esclaves.
Anatomie de Los Angeles | 1969 | 37′
Diffusé le 23 septembre 1969 dans le cadre de l’émission Point-Contrepoint, produite par la 2eme chaîne de l’ORTF, le documentaire aborde la complexité de Los Angeles. Mêlant dans un montage très structuré des plans de découverte de la ville à des interviews d’étudiants, de l’écrivain Henry Miller ou d’habitants de toutes les communautés, cette évocation par les angelenos de leur ville dresse le portrait d’une entité vivante en constante évolution. Cinquante ans plus tard, ces thématiques sociétales sont toujours largement d’actualité.
Une ville de la mer ou comment survivre à Venise | 1969 | 44′
Réalisé pour intégrer l’émission Point-Contrepoint, le documentaire de Yannick Bellon brosse le portrait d’une ville écartelée entre le problème d’insalubrité des habitations, la pollution rongeant murs et statuaires, ainsi que la récurrence et l’augmentation des inondations, incidences des activités humaines. Devant le manque de travail et la spéculation qui gagnent la ville se pose donc la question globale de la coexistence des industries avec la ville de Venise. Les laisser se développer risquerait de la détruire, les chasser risquerait de la muséifier, de voir partir ses habitants, et donc son âme.
Brésiliens d’Afrique et africains du Brésil | 1974 | 164′
Ce documentaire, sous forme de triptyque, nous plonge dans la religion des Africains du Brésil, au travers de l’histoire familiale de Balbino. Nous suivons ce dernier sur les traces de ses ancêtres, de leurs dieux et de leurs célébrations entre Brésil et Afrique.
Première partie : Arrivée à Bahia
A la fête du Senhor de Bonfim, une grande fête populaire, une foule immense rend grâce au Christ de Bonne Fin Dernière et en même temps au dieu Ochala. Pendant trois siècles, de 1550 à 1850, la traite des esclaves a amené un million deux cent mille Africains à Bahia. La famille de Balbino a fait ce voyage.
Aujourd’hui, Balbino est marchand à Bahia. Catholique pratiquant, il participe aussi aux cérémonies d’initiation des nouveaux convertis aux Dieux africains. Il attendait depuis des années le paquebot qui l’emmènerait en Afrique, terre d’origine du dieu Chango. Son rêve va enfin se réaliser : il prépare son départ.
Deuxième partie : Voyage aux sources
En Afrique avec Balbino, le vendeur de rues brésilien venu du Dahomey, le pays de ses ancêtres emmenés comme esclaves lors de la traite des Noirs. Balbino voudrait retrouver les lieux de culte de Chango, le dieu auquel il a été consacré. Et qui sait… peut-être des membres de sa famille.
En effet de nombreux esclaves, libérés et revenus du Brésil, apportèrent avec eux de nouvelles coutumes, une nouvelle alimentation et surtout une architecture différente pour les maisons.
A certaines époques de l’année, ces anciens esclaves célèbrent en Afrique la tête de Senhor de Bomfim, chantent et dansent comme ils le faisaient naguère à Bahia.
Troisième partie : Retour à Bahia
Balbino, de retour au Brésil, retrouve Bahia et les fêtes populaires animées et joyeuses qui caractérisent sa ville. Dans l’île d’Iltaparica, en face de Bahia, il rencontre les Egouns, semblables à ceux qu’il a vus à Porto-Novo au Dahomey. Dans les rues, il découvre les maisons anciennes comparables à celles construites sur la côte africaine par les esclaves libérés, lors de leur retour au siècle dernier.
Nous assistons à la fête qui réunit, chaque année le 2 février, sur la plage du Rio Vermelho, une foule immense venue apporter des dons à Yemanja, divinité africaine des eaux salées.
Le restaurateur – Institut National de l’Audiovisuel (INA)
Créé en 1975, l’Institut national de l’audiovisuel (INA), entreprise publique audiovisuelle et numérique, collecte, sauvegarde, restaure et transmet le patrimoine de la radio – télévision française. En parallèle du vaste plan de numérisation initié au début des années 2000, qui a permis de rendre accessibles près de 2,5 millions d’heures de programmes, l’INA propose une riche offre technique et éditoriale à destination de tous les publics : professionnels, diffuseurs, ayants-droits, chercheurs, enseignants, réseaux sociaux, festivals… L’INA concentre enfin des compétences d’expertise, de formation initiale et continue aux métiers de l’audiovisuel et des nouveaux médias.
Crédits photos : Brésiliens d’Afrique et africains du Brésil / Une ville de la mer ou comment survivre à Venise / Anatomie de Los Angeles © INA
Yannick Bellon, réalisatrice, monteuse et productrice, abordait dans ses films des questions sociétales.
Dans tous ses films et ses documentaires, Yannick Bellon a porté un regard lucide sur ces êtres partis à la reconquête de leur dignité. Elle a mené sa carrière en produisant de manière autonome et artisanale, avec difficulté, ses propres films souvent refusés par la profession, et en se montrant intransigeante sur les thèmes qu’elle affrontait sans détour. Si on peut parler d’une cinéaste engagée à l’écriture très personnelle, on ne saurait négliger pour autant son travail de recherche formelle, mêlant la fiction et le documentaire, et creusant la question du temps et de la mémoire. Yannick Bellon aurait eu 100 ans en 2024.
ORTF
Institut National de l'Audiovisuel (INA)
Audrey Birrien sace@ina.fr
En cours de restauration
Mars/Avril 2024