Evidence
À la croisée de la politique américaine, de ses idées sur la famille et des assauts délibérés de la droite contre l’autonomie, je me fonde sur mon expérience familiale pour examiner la manière dont nous vivons dans l’idéologie et comment les conceptions de la famille façonnent et limitent l’idée du care.
Avec son quatrième long métrage, Lee Anne Schmitt livre son œuvre la plus intime et sans doute la plus incisive – une méditation politique où s’entremêlent histoire familiale, critique du capitalisme et analyse du mouvement néo-conservateur aux États-Unis.
Fille d’un employé de l’Olin Corporation, la cinéaste interroge l’héritage laissé par cette entreprise américaine spécialisée dans la fabrication de produits chimiques et de munitions. D’un côté, le désastre écologique provoqué par d’anciens sites industriels ayant lourdement pollué les régions environnantes ; de l’autre, la John M. Olin Foundation, qui, en investissant pendant plus de trente ans des centaines de millions de dollars dans l’essor du mouvement conservateur, a redéfini durablement la politique américaine et les débats autour des droits des femmes, l’autonomie des corps et l’éducation des enfants. Schmitt confronte ces deux réalités pour révéler comment les financements occultes ont façonné un paysage idéologique réactionnaire. Plus encore, elle explore comment le pouvoir économique s’immisce dans l’intime, jusqu’aux récits qui ont structuré sa propre famille et ses conceptions de la maternité.
Tourné en 16mm et soutenu par les compositions jazz de Jeff Parker, ce film-essai prend la forme d’une enquête où se croisent, par associations, documents, territoires contaminés et archives familiales. Avec clairvoyance et humilité, Lee Anne Schmitt tisse une réflexion sur la mémoire, la complexité du présent et l’incertitude de l’avenir, tout en affirmant, à travers son récit, la possibilité d’une forme de résistance face à la désinformation et au climat politique actuel.
Nepheli Gambade
Lee Anne Schmitt
Elle réalise des essais qui traitent de l’exceptionnalisme américain, la logique de l’utilité et du travail, les gestes de bienveillance et de rejet, et l’histoire de la violence raciale aux États-Unis.
Ses films ont été projetés entre autres au Museum of Modern Art de New York, à la Viennale, au Festival international du film de Rotterdam, à Cinéma du réel (California Company Town en 2009, The Last Buffalo Hunt en 2011), au FICUNAM, au FID-Marseille, au DocLisboa.
Lee Anne Schmitt
Lee Anne Schmitt
Sara Suarez
Lee Anne Schmitt
Jeff Parker
Lee Anne Schmitt