LA RESTAURATION SONORE ET MUSICALE : UNE RECOMPOSITION ?
Il n’y a pas de restauration d’un film sans restauration sonore. Depuis une vingtaine d’années, la révolution numérique a permis d’en démultiplier les possibilités. Mais la technologie ne peut pas tout et la méticulosité d’un tel travail, proche du geste de l’archéologue, nécessitera toujours plus de patience et de sensibilité.
Qu’en est-il du son documentaire ? Existe-t-il une différence entre la préservation d’un son enregistré en studio et celui pris sur le vif d’un direct en extérieur ? Ainsi posée, la question passe peut-être à côté du problème : la restauration ne consiste pas à rénover une bande sonore pour viser quelque perfection mais, au contraire, à retrouver les conditions d’écoute originelles : rendre au film son état premier, celui qui a été vu et entendu par ses contemporains.
Par-delà la technique, l’archive sonore est aussi un matériau artistique à part entière. D’une part, elle inspire les compositeurs qui travaillent sur la resonorisation et la mise en musique des premiers films muets, intégrant à leurs partitions toute une série d’éléments originaux détournés puis réutilisés afin de prendre le relais d’une parole qui fait défaut. D’autre part, les artistes s’emparent de ces ondes revenues du passé pour expérimenter la plasticité de la matière : saturations, stridences, altérations… Quel est le sens, alors, d’une restauration ? Est-ce que la dégradation inévitable de la bande n’est pas le travail de l’œuvre elle-même et de sa mutation à travers le temps ?
Cette table ronde propose de mettre en partage les différentes recompositions sonores qui dépassent le cadre du cinéma documentaire pour rejoindre les créations radiophoniques et l’art contemporain.
Modération : Antoine Guillot – journaliste – France Culture
Intervenants invités :
- Rodolphe Burger
— musicien, compositeur
auteur de la bande originale de la restauration de In the land of the Head Hunters de Edward S. Curtis (1915), © 2014, Capricci / Dernière bande - Laurence Braunberger
— productrice (Les Films du Jeudi) - Mauro Coceano
— musicien, compositeur - Enrico Camporesi
— responsable de la recherche et de la documentation au service de la collection film du Musée national d’art moderne, auteur de Futurs de l’obsolescence, Essai sur la restauration du film d’artiste (2018, Ed. Mimésis) - Léon Rousseau
— mixeur, compositeur, restaurateur sonore, studio L.E Diapason - Vincent Fromont
— Responsable de l’activité Restauration & Mastering Radio – INA –