Cinéma, forme et morale, aujourd’hui : Où en est-on avec le Travelling de Kapò ?

“De l’Abjection“, l’article de Rivette publié en 1961, dans lequel il dénonçait le travelling décidé par Pontecorvo dans son film Kapò qui opère un rapprochement vers le visage de Riva suicidée sur des barbelés électrifié, “en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final”, a initié une exigence éthique de la mise en scène, c’est-à-dire une éthique interne à la forme elle-même, qui dépasse le seul cadre des films sur les camps et la Shoah, et dans laquelle s’est reconnue toute une génération de cinéaste et de critiques. 

Aujourd’hui, les exigences morales au cinéma semblent s’être déplacées en grande partie aux individus qui font les films (identités, comportement) et aux sujets des œuvres et à leurs thèmes (genres, écologie, violences sexistes, racisme). Moins sur la réalisation, où parfois tout semble être convoqué sans retenue ni boussole pour émouvoir, jusqu’à la recherche du pathos, que dénonçait Rivette avec justesse.

Dès lors, comment concevoir une nouvelle éthique du cinéma qui reviendrait aux questions essentielles de la mise en scène, interne à la forme, tout en intégrant ces nouvelles exigences – c’est-à-dire, comment replacer la question de ce qu’est penser en cinéaste au cœur de nos problématiques actuelles ?

Modérateur : Christophe Cognet – cinéastes, délégué au documentaire de la SRF

en présence des cinéastes :

• Stefano Savona, réalisateur
  — Tahrir, place de la Libération, 2011
  — Samouni Road, 2018
  — Le mura di Bergamo, 2023
• Jean Breschand, réalisateur
  — La Papesse Jeanne, 2017
• Occitane Lacurie, chercheuse, critique (Débordements, Médiapart)
• Sarah Léonor, réalisatrice
  — Ceux de la nuit, 2022, Le Grand Homme, 2014, Au Voleur, 2008