Les Habitants
Une ville de la grande banlieue parisienne, ses lotissements, ses serres de roses et de légumes, ses habitants. C’est l’hiver et un camp de Roms s’est installé. Alors que la plupart des riverains s’indigne et demande l’expulsion de ces nouveaux voisins, quelques femmes vont tenter de les aider à habiter le terrain qu’ils occupent.
La première impression que donne le film c’est son application feutrée qui le rend d’autant plus grinçant. Les images tournées en pellicule narrent la petite vie tranquille d’une bourgade maraîchère et péri-urbaine de la riche plaine d’Île-de-France, toute bien rangée, toute bien cadrée : l’entreprise de maraîchage, l’horticulteur, le facteur, la dresseuse de chien, les coins cachés et bucoliques et même le bord des champs pavé en guise de promenade. Une mère adresse des lettres à sa fille, dans un style doux, clair et précis, la narration a la manière d’un conte pour enfant.
Dans ce village tout à fait ordinaire, où il y a sans doute les gens d’ici et ceux qui vivent ici mais qui sont nés ailleurs, la mairie invective l’État par voie d’affiche pour expulser les gens du voyage, et les commentaires xénophobes et racistes ont libre cours, écrit la mère. Mais certains aident en secret.
Et tandis que l’aide matérielle qu’elle apporte aux indésirables devient une occupation à part entière dans son quotidien, sa description soignée de la vie au camp fait image de plus en plus précisément. Du froid de l’hiver à la chaleur de l’été, du manque d’eau à l’achat collectif d’un nouveau générateur, jusqu’à l’expulsion de Loredana et sa famille. Inéluctablement, sans autre heurt dans la petite cité qu’une confrontation de papiers entre deux clans pétitionnaires qui ne s’affronteront jamais.
Alors que la vie s’écoule doucement lisse et sucrée, Les Habitants ne fait-il pas le troublant récit de notre consentement au rejet d’une communauté, son expulsion de bidonvilles et terrains vagues et jusqu’à sa disparition.
Catherine Bizern
Maureen Fazendeiro
Réalisatrice et scénariste française née à Créteil en 1989 et résidant à Lisbonne. Elle a étudié la littérature, l’art et le cinéma à l’Université Denis Diderot à Paris. Ses courts métrages Motu Maeva et Soleil Noir ont été montrés dans de nombreux festivals internationaux, cinémathèques et musées. Elle partage son temps entre projets individuels et collaborations avec Miguel Gomes comme directrice de casting et scénariste. Ensemble ils ont co-réalisé Journal de Tûoa (Quinzaine des Réalisateurs 2021).
Uma Pedra no Sapato, Norte Productions
Agencia - Portuguese Short Film Agency
Robin Fresson
Jérôme Petit, Clément Maléo, Miguel Martins
Patricia Saramago
Uma Pedra No Sapato / festivalsandsales@umapedranosapato.com