Les Sanglières
Au début du XVIe siècle, dans une forêt cévenole, des paysannes de différentes régions se regroupent pour lutter contre la privatisation des Communs. Quelques siècles plus tard, la forêt en plein chantier est sous la surveillance d’Annie, gardienne solitaire de 75 ans. Une nuit, le paysage se retourne.
Quelles formes de résistance, imaginaires et historiques, traversent et relient les différentes temporalités d’un territoire ? Dans son premier long métrage, dont le titre s’inspire des Guérillères de Monique Wittig, Elsa Brès explore les récits et luttes collectives qui irriguent le paysage cévenol, poursuivant ainsi une réflexion amorcée à travers ses installations et films précédents.
Composé en trois parties, Les Sanglières s’ouvre sur la révolte au XVIe siècle d’un groupe de paysannes réclamant la libre utilisation des pâturages et des forêts. Rapidement réprimée, cette insurrection entre en résonance avec une autre forme de résistance contemporaine, celle des sangliers, qui aujourd’hui encore défient une forêt privatisée et quadrillée par des caméras de surveillance. L’intrusion de l’animal dans un chantier qui grignote l’espace autrefois libre vient troubler le quotidien d’Annie, septuagénaire qui partage son temps entre la paysannerie et un poste de gardienne. Son regard et sa curiosité s’animent tandis que le film bascule vers une exploration de la forêt sous un prisme nouveau, non plus exclusivement anthropocentré.
Dépourvue de dialogues et laissant place à l’expérience sensorielle, la mise en scène met au centre la nature luxuriante et les corps qui l’habitent, tissant une narration où humains et animaux s’allient dans la lutte contre le capitalisme et le patriarcat. En frayant des brèches temporelles, des continuités possibles se dessinent entre les combats d’hier et ceux d’aujourd’hui, nous invitant à imaginer d’autres façons d’habiter le monde.
Nepheli Gambade
Elsa Brès
Cinéaste et artiste, elle vit dans les Cévennes. Elle est diplômée du Fresnoy – Studio national d’arts contemporains et de l’école d’architecture de Paris-Belleville. Ses films et installations s’attachent à des forces de résistance dans des espaces en marge. Après trois courts métrages autour de récits alternatifs sur des projets d’infrastructures liés à l’eau (Stella50.4N1.5E – 2016 ; Love Canal – 2017 ; Sweat – 2020), Les Sanglières est son premier long métrage. Ce projet au long cours a donné lieu à plusieurs installations sur le chemin du film.
Elinka Films
Victor Zébo, Thibault Solinhac, Elsa Brès, Sarah Blum
Maxence Ciekawy, Colin Favre-Bulle, Valentine Gelin, Éric Aurégan, Ludivine Pelé
Théophile Gay-Mazas
Sourdure, Nicolas Mollard, Méryll Ampe
Elsa Brès, Elinka Films / elinkafilms@gmail.com