MONTER : FALSIFIER / RÉVÉLER
En partenariat avec l’association Périphérie
Si un film a cherché à saisir l’art du montage dans son essence et son angoisse, c’est bien le portrait de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, réalisé par Pedro Costa, Où gît votre sourire enfoui ? Et, dans les incessantes allées et venues des cinéastes, on y aperçoit, peut-être, les contours d’une mystique de la coupe, de ce geste si violent et définitif, si anodin aussi, sur lequel repose l’équilibre d’un édifice aussi fragile qu’un film.
Aujourd’hui, le banc de montage est devenu un objet de brocante. De nouvelles solutions techniques sont offertes par des logiciels informatiques de plus en plus performants. En quinze ans, depuis les derniers feux du montage sur pellicule, en passant par le montage analogique jusqu’aux solutions numériques, le métier a été bouleversé. Et déjà, il est exposé aux technologies algorithmiques et aux prémices de l’intelligence artificielle.
Quel nouveau rapport au temps, cette mutation induit-elle ? Quels changements provoque-t-elle dans l’appréhension d’un plan, d’une image, d’un raccord ou d’un enchaînement ?
Le montage a toujours été le lieu des petits arrangements avec le réel. Alors, dans quelle mesure, la technologie contemporaine comporte une capacité de falsification plus problématique ? Ne permet-elle pas, au contraire, d’assumer et de démultiplier le rôle fondamental du montage – celui de rendre le réel toujours plus intelligible, de le révéler ?
Cette matinale rassemble des monteurs et des monteuses de générations différentes qui, à partir d’expériences concrètes, questionnent l’évolution de la pratique et de la pensée sur les fondements de leur art.
Modératrice :
Teresa Faucon
— maîtresse de conférences – Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3
autrice de Théorie du montage: Energie, forces et fluides (2013, Armand Colin) & Gestes contemporains du montage Entre médium et performance (2017, Naima)
Intervenants :
- Adrien Faucheux
— monteur (Un cœur perdu et autres rêves de Beyrouth de Maya Abdul-Malak, La terre du milieu de Juliette Guignard) - Charlotte Cherici
— réalisatrice (Bac à Sable), monteuse (Koban Louzoù de Brieuc Schieb, Kindertotenlieder Sapphire Crystal & Sophia Antipolis de Virgil Vernier) - Gilles Volta
— monteur (Les Graines que l’on sème de Nathan Nicholovitch, L’Hypothèse démocratique de Thomas Lacoste, Je me suis embarquée dans un vaisseau qui danse de Daisy Lamothe, Yvon de Marie Tavernier, Suite Armoricaine de Pascale Breton, etc.) - Clémence Diard
– réalisatrice (L’Amie d’Amélie), monteuse (Trois contes de Borges de Maxime Martinot, À mon seul désir de Lucie Borleteau, Dirty Difficult Dangerous de Wissam Charaf, etc.)
