Mills of Time

Sur les bords sauvages d’une rivière des Cévennes, Philip et Tristan restaurent les systèmes d’irrigation d’un ancien moulin à eau du XVIIe siècle. Suspendus au passage de l’eau, ils travaillent ensemble, s’arrêtent, se reposent, partagent des moments d’accalmie.

Le ruissellement d’une rivière sous la douce lumière du jour, longeant les vestiges d’un ancien moulin à eau logé entre les roches ; entourés par la forêt, deux hommes sont assis dans l’alcôve d’un abri de pierres, où reposent quelques outils. Par leur sobriété et leurs cadres soigneusement composés, les premiers plans de Mills of time instaurent une dialectique entre plusieurs éléments fondamentaux du film : l’eau et la pierre, l’éphémère et l’immuable, l’homme et la nature. Outils élémentaires en main, les deux figures répètent les mêmes gestes dans une chorégraphie silencieuse, creusant les rigoles, déplaçant les pierres, comme pour remonter le cours du temps. Les plans séquences fixes, agencés comme des tableaux, enregistrent avec enchantement la lente transformation des lieux. Dans ce rituel paisible, chaque altération, aussi infime soit-elle, devient un événement dramaturgique, et de subtils surgissements lyriques viennent éveiller une absence, ou peut-être un désir de réparer ce qui a été perdu.
Capturant la beauté du paysage et du mouvement, Pauline Rigal compose un poème visuel et sonore précis et dépouillé, qui invite à la contemplation et à l’émerveillement. Le corps au travail, en harmonie avec les éléments, oppose une résistance silencieuse au passage du temps, tandis que la durée des plans et l’attention portée à la simplicité des gestes et à la matérialité du monde révèlent la part sublime de cette interaction.

Nepheli Gambade