Monikondee
Un homme livre avec son bateau des marchandises aux communautés indigènes et marronnes le long du fleuve Maroni, qui sépare le Suriname de la Guyane française. Son voyage offre un aperçu du défi que représente le maintien des coutumes locales face à l’exploitation de l’or, aux entreprises multinationales et au changement climatique.
Après leur somptueux Episode of the Sea (2012) tourné sur terre et en mer avec les pêcheurs de la ville d’Urk aux Pays-Bas, le duo d’artistes néerlandais Lonnie Van Brummelen et Siebren de Haan a débuté une collaboration avec le metteur en scène de théâtre surinamais Tolin Alexander. Ensemble, ils se sont mis à fabriquer des films participatifs en étroite collaboration avec les peuples surinamais descendants des communautés marronnes. Succédant à Stones Have Laws (2018), Monikondee (pour « money country ») se déroule le long de la rivière Maroni, à la frontière de l’ancienne Guyane néerlandaise et de l’actuelle Guyane française, et documente les relations économiques et culturelles entre les communautés indigènes et marronnes – ou Fiiman (pour « free man »), ainsi que le corrige d’emblée son protagoniste, un batelier sillonnant la rivière pour apporter ses cargaisons d’essence aux villages reculés et aux orpailleurs. Le récit suit les aléas des voyages de ce passeur, les avaries de sa fine embarcation longue de dix-huit mètres, la traversée des rapides rendue plus difficile encore par la marchandise qui la leste dangereusement. Ici, chacun joue sa condition et raconte une histoire des origines, des déplacements, de l’extractivisme, de la spoliation coloniale reconduite dans l’asservissement économique à l’exploitation aurifère qui détruit leur rivière. Chaque station offre l’occasion pour d’autres voix de s’exprimer, par la fable ou le chant, selon une ancienne technique narrative appelée Mato ; mais aussi de s’additionner et de s’articuler, afin de leur laisser la propriété et la juridiction des conflits, nécessaires à une véritable lutte pour les droits territoriaux et environnementaux.
Antoine Thirion
L. Van Brummelen, S. De Haan
Artistes cinéastes, leurs œuvres explorent les paysages géopolitiques tels que les frontières internationales et les sites de commerce mondial, ainsi que la matérialité des impacts de l’extraction des ressources sur les communautés locales et les écosystèmes. La plupart de leurs projets supposent un travail de terrain et une collaboration à long terme. Depuis 2014, ils ont réalisé trois longs métrages documentaires participatifs.
Episode of the Sea (2014) a été réalisé avec la communauté de pêcheurs néerlandais d’Urk ; Stones Have Laws (2018) avec les Marrons du Suriname ; et Monikondee (2025) avec les Marrons et les peuples indigènes le long de la rivière frontière entre le Suriname et la Guyane française.
Les œuvres d’art de Van Brummelen et De Haan font partie des collections de plusieurs musées dans le monde.
Tolin Erwin Alexander
Tolin Alexander est un écrivain, homme de théâtre et interprète surinamais spécialisé dans le théâtre interculturel et les projets communautaires. En 1994, il a fondé le groupe de danse Fiamba avec Louise Wondel (1971-2014), dont l’objectif est d’intégrer la la culture marron dans la société surinamaise. Depuis 2003, il a développé et produit diverses pièces de théâtre et performances présentées dans des théâtres et dans des communautés avec la compagnie Forum Tolin Toli Masanga.
Vriza Productions
Sander Coumou, Siebren de Haan
Idi Lemmers
Bobbie Roelofs, Lonnie van Brummelen
Vriza Productions / info@vriza.org