Politique des Machines

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Dans son essai Les Champs de l’audiovisuel, Patrice Blouin définit la « politique des machines » comme une option critique qui « insiste sur la part des procédures techniques dans la constitution des œuvres contre la part dévolue habituellement aux auteurs et/ou aux autres acteurs ». Des cinématographes d’hier à l’intelligence artificielle d’aujourd’hui, en passant par la longue généalogie des caméras analogiques, vidéographiques, numériques ou leurs outils attitrés (colorisations, filtres, stabilisateurs, drones, etc.) :  aucune technologie qui a, un jour, fabriqué des images, n’est neutre. Chaque mode d’enregistrement ou de reproduction du réel induit un rapport au monde spécifique et déterminé. 

D’une certaine manière donc, les machines produisent leur propre forme autonome. Il y a alors un risque à se laisser porter par un certain fétichisme de l’appareil, encouragé par le marketing industriel et d’adopter, sans trop y réfléchir, leur esthétique automatique. Ce serait oublier qu’elles restent des technologies d’une impressionnante sensibilité dont chaque biais peut être réinterprété – retourné – au profit d’un travail artistique réflexif et plastique. 

Cette matinale réunit ainsi plusieurs artistes, cinéastes et directeurs de la photographie afin de penser ces effets de standardisation induits directement par la technique mais aussi, et surtout, les marges de manœuvre possibles des réalisateurs et chefs-opérateurs pour s’en affranchir et créer autant des images que des manières de les percevoir. 

Modérateur : Dork Zabunyan – professeur en études cinématographiques, Université Paris 8

Intervenants et intervenantes :

  • Jonathan Ricquebourg, chef-opérateur
    — Voyages en Italie de Sophie Letourneur (2022), Tijuana Bible de Jean-Charles Hue (2018), La Mort de Louis XIV d’Albert Serra (2016), Gorge cœur ventre de Maud Alpi, etc.
  • Eponine Momenceau, artiste, vidéaste, cheffe-opératrice
    — Deephan de Jacques Audiard, 2015
  • Jean-Marc Chapoulie, vidéaste, cinéaste
    — Mr Google, à qui appartient la réalité ? (2013), La Mer du Milieu, (2019), etc.
  • Laure Portier, réalisatrice, Dans l’œil du chien (2019), Soy Libre (2021)

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