Topo y Wera
Topo et Wera survivent à Tijuana entre débrouille et petits larcins. Le peu qu’ils gagnent passe dans la drogue et les machines à sous du casino. Wera a été élevée à Los Angeles et Topo a passé sa vie dans les gangs. Le temps passe et s’enfuit et bientôt l’amour de Wera pour Topo n’est plus qu’un souvenir amer…
Topo semble relégué à la marge de la marge. À l’instar des nombreux habitants de Tijuana qui peuplent les films de Hue, c’est une âme perdue. Mais Hue ne manifeste pas forcément de la pitié ou de la tristesse à leur égard. Au contraire, je dirais même qu’il paraît les envier. Pourquoi ? Peut-être envie-t-il leur volonté ou leur capacité à s’abandonner à des états aussi extrêmes, à franchir si librement les seuils du monde des mortels pour plonger dans une sorte d’irréalité indissociable du monde réel, investissant et existant à travers ce dernier sous une forme quasiment hallucinatoire. Hue admet toutefois être animé par le désir de témoigner (de ce que la plupart des gens n’osent même pas regarder). « Autrefois, et parfois encore aujourd’hui, je croyais que mon travail possédait certaines qualités artistiques, mais plus le temps passe », écrit-il, « et plus je prends du recul, plus il me semble que le seul véritable intérêt de mon travail est d’avoir témoigné de choses qui ont disparu. C’est depuis toujours la fonction principale des images en mouvement, et c’est la raison pour laquelle j’en ai fait mon support, pour saisir, entre la lumière et les ténèbres, ce qui n’est déjà plus là. » Non seulement Topo, Wera ou les innombrables fantômes de la ville, mais aussi Tijuana elle-même.
Chris Sharp, (“Témoin sur le seuil”, novembre 2019)
Spectre Productions
Jean-Charles Hue
Nikolas Javelle
Jean-Charles Hue, Isabelle Proust
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