Avec les Ateliers Varan, ces étudiants en cinéma et ces réalisateurs, dont certains travaillaient, et travaillent encore avec la télévision publique, expérimentent pour la première fois le cinéma direct et surtout le son synchrone. Ils plongent, caméra numérique en main, dans une société ouverte au capitalisme depuis peu et qui se transforme à toute vitesse, avec la volonté de donner la parole à des individus, des populations, des groupes ethniques invisibilisés de la société vietnamienne. Tout comme l’arrivée du cinéma direct, du Nagra et de la caméra 16 mm dans nos sociétés occidentales a produit le cinéma de Pierre Perrault et Michel Brault au Québec, celui des frères Maysles aux États Unis ou de Jean Rouch en France, une nouvelle voie s’est ouverte pour le cinéma à côté de la production audiovisuelle officielle vietnamienne. Un cinéma qui raconte de nouvelles histoires, celles d’un pays en pleine mutation.
En 10 séances, nous retracerons cette aventure, depuis les premiers films de stage jusqu’aux dernières productions de Varan Vietnam. L’ensemble de cette programmation porte la trace d’une découverte, d’une révélation mais aussi d’un rapport au monde en train de se transformer, et l’urgence de le raconter. Par le cinéma direct c’est aussi l’histoire de ces vingt dernières années au Vietnam qui est donnée à voir.
Ce sera aussi l’occasion de s’interroger en compagnie des cinéastes de Varan Vietnam, NGUYỄN Thị Thắm, ĐOÀN Hồng Lê, PHẠM Thị Hảo, TRẦN Phương Thảo, HÀ LỆ Diễm et Swann Dubus sur la production et la diffusion des films au Vietnam dans le cadre de deux tables rondes au Centre Pompidou et au Musée Guimet, mais aussi dans le cadre de notre rendez-vous annuel à la BULAC, sur la manière dont le documentaire raconte l’histoire d’un pays en mutation.
Avec des projections à la fois au Centre Pompidou et au Musée Guimet, cette programmation en partenariat avec les Ateliers Varan, rend hommage à notre ami André Van In dont la générosité n’avait d’égale que sa croyance dans la puissance du cinéma et dont l’engagement auprès de tous et de chacun nous manque et nous manquera longtemps.
En 1992, Robert Kramer, après un premier voyage en 1969 (qui donnera naissance à People’s War), retourne au Vietnam pour animer un atelier cinématographique à Hanoï. Point de départ est le récit de ce voyage, que nous proposons en exergue de ce programme.
Et avec également trois temps de discussion :